Les échanges culturels et scientifiques entre la France et la Turquie sont profondément imbriqués dans la trame des grandes préoccupations diplomatiques et économiques qui traversent les deux pays au XXe siècle. La difficulté majeure que pose l’objectivation du commerce intellectuel franco-turc au cours de cette période tient au caractère profondément dissymétrique de la relation envisagée. Sans tomber dans une vision unilatérale des transferts culturels – toujours de la France vers la Turquie –, il est bien clair que les termes de l’échange structurent une relation de nature inégalitaire : la France, surtout sous la IIIe République, est engagée dans une forme d’impérialisme universitaire à grande échelle, qui trouve en Turquie un terrain favorable et une authentique demande sociale. L’avènement de la Turquie républicaine marque néanmoins une inflexion importante : les Turcs revendiquent leur indépendance non seulement politique mais aussi culturelle, et savent jouer de la diversité de « l’offre culturelle » occidentale pour mieux s’intégrer au jeu de la diplomatie internationale. Les « usages publics de la Turquie en France » s’en trouvent en retour profondément altérés.