Aux frontières des Églises et des États : allégeances politiques et affiliations ecclésiales à l’âge confessionnel
Colloque international organisé
par Aurélien Girard (Université de Reims Champagne-Ardenne) et Benoît Schmitz (Ecole Normale Supérieure)
Université de Reims Champagne-Ardenne, Campus Croix-Rouge, Reims, 4-5 décembre 2015
L’historiographie du politico-religieux à l’époque moderne a été profondément renouvelée ces dernières décennies en s’affranchissant des paradigmes anachroniques de la « laïcisation » ou de la « sécularisation » et en restituant avec finesse les recompositions du théologico-politique et les transferts de sacralité. Ces recherches ont toutefois très largement ignoré l’Église comme forme englobante concurrente de l’État et l’ecclésiologie comme discours sur le social. Ce parti-pris est plus marqué en France qu’ailleurs en Europe : l’historiographie de la confessionnalisation a souligné l’étroite imbrication des États et des Églises, quand les historiens français ont vu « en l’État avant tout une alternative à l’Église » (Alain Tallon).
Il y a pourtant de bonnes raisons de penser, avec Paolo Prodi, que le fait le plus important, sur le temps long de l’histoire occidentale, a été la double appartenance des sujets/fidèles à l’État et à l’Église. Pour explorer l’histoire croisée des allégeances politiques et des affiliations ecclésiales, ce colloque se situe à l’intersection de l’histoire du politique et de l’histoire du doctrinal. Il s’inscrit dans le cadre du « tournant ecclésiologique » (Philippe Büttgen) de l’histoire religieuse. Après une rencontre consacrée aux théories du schisme (http://mefrim.revues.org/1788 ), il s’agit de saisir, sur de multiples terrains et selon une approche résolument comparatiste, les liens d’appartenance qui constituent l’Église et l’État. Entre l’obédience à l’une et la sujétion à l’autre, il peut y avoir coïncidence ou incompatibilité, interaction ou conflit, perméabilité ou imperméabilité, en fonction du choix des acteurs et des qualifications des autorités. Si la concurrence des obéissances s’exerce entre ces polarités, il ne faut pas sous-estimer les formes de compromis tant la pluralité des appartenances demeure la norme durant la première modernité, malgré les prétentions de plus en plus exclusives de la profession de foi confessionnelle et de la souveraineté territoriale.
En évitant de lire l’âge confessionnel sous l’angle d’une substitution de l’État à l’Église, ce colloque éprouvera la vérité d’une autre hypothèse : et si le dualisme entre l’État et l’Église, entre un pouvoir temporel et un pouvoir spirituel, persistait à travers une série de métamorphoses ?
Vendredi 4 décembre 2015, Salle de conférences de la Bibliothèque Robert de Sorbon (Campus Croix-Rouge)
9h15 : Accueil des participants
9h30-10h : Salutations et ouverture des travaux
– Autorités académiques de l’université de Reims Champagne-Ardenne
– Fabrice Jesné (directeur des études de la section d’histoire moderne et contemporaine de l’École française de Rome)
– Aurélien Girard (Université de Reims Champagne-Ardenne/CERHiC)
10h-10h30 :
Benoît Schmitz (École Normale Supérieure/CRM-UMR 8596/IRER), Introduction
Première session. Doctrine et histoire du schisme
Présidence : Yves-Marie Bercé (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres)
10h30-11h00 :
Jean-Louis Quantin (École Pratique des Hautes Études), Écrire l’histoire des schismes dans l’Europe moderne
Pause
11h15-11h45 :
Stefania Tutino (University of California, Los Angeles), Legittimazione politica e verità dottrinale : giuristi, inquisitori, e falsi beati nella Napoli del Seicento
11h45-12h15 : Discussion
Deuxième session. Loi de Dieu et loi des hommes
Présidence : Thomas Nicklas (Université de Reims Champagne-Ardenne/CIRLEP-EA 4299)
14h-14h30 :
Jérémie Foa (Aix-Marseille Université/TELEMME, MMSH), Obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ? Les protestants français et l’édit de Nemours (1585)
14h30-15h :
Nicolas Richard (associé au CERHIO et à l’IRER), Une tentative de schisme ? Le serment imposé aux catholiques de Bohême en 1619-1620
15h-15h30 : Discussion
Troisième session. Les deux pouvoirs
Présidence : Isabelle Heullant-Donat (Université de Reims Champagne-Ardenne/CERHiC)
16h-16h30 :
Ignasi Fernández Terricabras (Université Autonome de Barcelone), La séparation sans schisme : la rupture des rapports diplomatiques entre le pape Pie IV et le roi Philippe II (1564-1565)
16h30-17h :
Massimo Carlo Giannini (Università degli Studi di Teramo), La « guerra fredda » fra Monarchia spagnola e papato barberiniano : il conflitto giurisdizionale a Pavia (1637-1640)
17h-17h30 :
Hélène Vu Thanh (Université de Bretagne-Sud/CERHIO), « Le Japon est le pays des kami ». Les missionnaires face à la construction de l’Etat japonais aux XVIe-XVIIe siècles
17h30-18h15 : Discussion
Samedi 5 décembre 2015, matin, Salle de conférences de la Bibliothèque Robert de Sorbon (Campus Croix-Rouge)
Quatrième session. Fors et frontières
Présidence : Frédéric Gabriel (Centre National de la Recherche Scientifique/IHPC-UMR 5037)
9h00-9h30 :
Jean-Pascal Gay (Université de Strasbourg/ARCHE), Le for public comme frontière d’Église : l’impossible réduction des rapports entre l’Eglise et l’Etat au dualisme de la conscience et du droit à l’époque moderne
9h30-10h00 :
Christophe Duhamelle (École des Hautes Études en Sciences Sociales/CRH), Frontières et confession : l’introduction du calendrier grégorien dans la principauté de Minden (1667-1668)
10h00-10h30 : Discussion
Cinquième session. Fait national et appartenance ecclésiale
Présidence : Bruno Restif (Université de Reims Champagne-Ardenne/CERHiC)
10h45-11h15 :
Bertrand Marceau (Université de Paris-Sorbonne/CRM-UMR 8596), Conscience nationale et appartenance monastique dans l’ordre de Cîteaux au XVIe siècle
11h15-11h45 :
Irène Plasman-Labrune (Université de Paris-Est Créteil/CRHEC), Exclure les étrangers des bénéfices du royaume de France, une liberté de l’Église gallicane ? (XVe-fin XVIe siècle)
11h45-12h15 : Discussion
Samedi 5 décembre 2015, après-midi, Salle de réunion du doyen de Lettres et Sciences humaines (bâtiment 17, Campus Croix-Rouge)
Sixième session. Les sujets entre l’Église et l’État
Présidence : Alain Tallon (Université Paris-Sorbonne / CRM-UMR 8596)
14h00-14h30 :
Éric Suire (Université Bordeaux-Montaigne / CEMMC), « Les maux de l’Église et de la religion ne faisant qu’augmenter… » Les doléances adressées au roi par les assemblées de la province ecclésiastique de Bordeaux au XVIIIe siècle
14h30-15h00 :
Vincent Petit (Centre universitaire catholique de Bourgogne, Dijon), Avant et après la révolution. La prière pour le souverain temporel comme appartenance, allégeance et sujétion
15h00-15h30 : Discussion
16h-17h :
Yves-Marie Bercé (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres) et Alain Tallon (Université de Paris-Sorbonne/CRM-UMR 8596), Conclusions
Entrée libre sur inscription :
- en anglais : http://colloques.univ-reims. fr/colloque/inscriptionEtape1. jsp ?locale=en&semId=FRONT- EGLISES
Renseignements : sarah.castillo-camacho@univ-
Colloque organisé dans le cadre du programme de recherches Église(s) et schisme (http://www.efrome.it/la- recherche/programmes/detail- programme/eglises-et-schisme. html), Axe 1, Schisme et frontières d’Églises.
Soutenu par l’École française de Rome, le Centre d’Études et de Recherche en Histoire Culturelle (CERHiC-EA 2616) de l’Université de Reims Champagne-Ardenne, le Département d’histoire de l’École normale supérieure, l’Institut de Recherches pour l’Étude des Religions de l’Université Paris-Sorbonne.
Conseil scientifique : Frédéric Gabriel (CNRS), Bernard Heyberger (EHESS – EPHE), Jean-Louis Quantin (EPHE), Alain Tallon (Université Paris-Sorbonne) et Laurent Tatarenko (École française de Rome).