Marielle Lamy (Sorbonne Université) et Olivier Marin (Sorbonne Paris Nord)
S1 et S2, 4 ECTS
Le christianisme de la fin du Moyen Âge était-il une religion du Livre ? Le mot de Bible date seulement du XIIe siècle et consacre alors la récente diffusion de ce livre, dont la particularité est de rassembler en un même corpus les « Écritures saintes » des chrétiens ; il peut en outre être employé aux siècles suivants pour des compilations en langue vernaculaire mêlant des éléments doctrinaux, moraux et narratifs.
Quant aux « translations » proprement dites, elles réécrivent la Bible en sélectionnant des livres, des figures, des épisodes, et en amalgamant au récit une part plus ou moins importante d’éléments apocryphes et légendaires. L’étude de la culture biblique médiévale implique donc de combiner diverses approches. Du côté de l’exégèse, la célèbre typologie des quatre sens (littéral, allégorique, tropologique et anagogique) peut encore aujourd’hui être enrichie et renouvelée, tandis que l’attention aux paratextes présents dans les manuscrits bibliques (prologues, gloses, indices, etc.), ainsi qu’aux images, ouvre à la compréhension d’autres principes et procédés herméneutiques. On ne saurait donc négliger une histoire matérielle qui s’attache à retracer la fortune du texte, de ses recensions et de sa mise en page, voire les conditions concrètes de la consultation des manuscrits bibliques.
L’essor de la prédication amène quant à lui à la production d’outils qui se rapportent de diverses manières au texte biblique et le vulgarisent selon des modalités différentes. Mais les simples fidèles avaient-ils besoin de passer toujours par la médiation des clercs, ou bien pouvaient-ils emprunter leurs propres voies d’accès à la matière biblique ? On ne saurait non plus oublier l’immense continent des usages sociaux de la Bible : selon les contextes, on y recourait aussi bien pour prêter serment que pour y chercher des modèles de gouvernement, des normes de vie ou encore pour apprendre à prier. Texte sacré, mais mouvant et manipulable, référence omniprésente quoique souvent évanescente, objet de vénération en tant que parole inspirée et pourtant destinée à passer à la fin des temps, la Bible au Moyen Âge se prête donc à une approche pluridisciplinaire qui rende justice aux états multiples et contradictoires de sa réception.
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Salle de Conférences, 46 rue d’Ulm puis salle Assia Djebar, 29 rue d’Ulm
Un vendredi par mois ; 10h30-12h30
Séances : 13 octobre, 24 novembre, 15 décembre, 12 janvier, 9 février, 15 mars, 26 avril et 24 mai